Samedi 26 avril
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Mehdi (31)
Oui, je sais, les photos ne correspondent pas au texte envoyé par Jean.
Mais ça, c'est ce qui se passe après la visite de l'assistante sociale.
Ca s'est tellement bien passé qu'il faut fêter ça.
J'espère qu'on aura les détails croustillants la semaine prochaine.
Mehdi s’inquiète de ne pas encore avoir d’appartement. Son avocat est allé voir le directeur-gérant de la société
publique de logement social pour essayer de le faire avancer dans la liste d’attente, mais sans succès. Depuis les scandales qui ont éclaboussé les sociétés de logement ces dernières années,
les contrôles des autorités de tutelle, de l’opposition politique et de la justice sont trop stricts pour qu’on puisse encore prendre le risque de déroger aux règles de priorité. Vu qu’il a
déjà un logement, il n’y a aucune urgence. Pour le faire monter dans la liste, il faudrait que je l’expulse de chez moi. On ne peut pas prendre en considération le fait que Mehdi souhaite avoir
la garde de sa fille. Par contre, s’il obtenait la garde par décision judiciaire, cela lui accorderait des points supplémentaires qui le feraient monter dans la liste d’attente. Pour la société
de logement, il faut que Mehdi ait la garde de son enfant pour avoir droit rapidement à un appartement. De son côté, Mehdi croit qu’il doit avoir un appartement pour obtenir la garde de sa
fille. Il voit ça comme un cercle vicieux qui lui pourrit la vie.
J’essaie tant bien que mal de la rassurer. Ses démarches pour obtenir ce logement devraient suffire pour convaincre le juge de sa bonne volonté.
En attendant, le travail ne manque pas pour Mehdi qui s’est inscrit à l’agence locale pour l’emploi. Il fait des travaux de jardinage chez des petits vieux de la région. Cela l’occupe assez bien et il ne rentre jamais avant 6 ou 7 heures du soir, parfois même plus tard.
C’est ainsi qu’il est absent le jour où je reçois la visite de l’assistante sociale envoyée par le juge, une personne dont j’avais fait la connaissance lorsque je militais en faveur de la loi concernant l’adoption des enfants par les couples de même sexe. A l’époque, nous avions de nombreuses réunions de travail et je la rencontrais assez souvent. J’appréciais son acharnement à défendre les intérêts de l’enfant mais aussi sa grande ouverture d’esprit. Elle était loin de tout préjugé et nos avis se rejoignaient souvent. Que ce soit elle qui soit chargée du dossier de Mehdi me rassure.
Elle est étonnée de me voir et me dit qu’elle ne vient pas pour moi mais que ça la réjouit. Je la fais entrer au salon en lui disant que j’ignore quand Mehdi va rentrer. Je lui propose un café qu’elle accepte.
- Ce n’est pas grave si Mehdi n’est pas là, me dit-elle en me suivant jusqu’à la cuisine. Au contraire, j’aime autant parler un peu avec toi de cette affaire avant de le rencontrer. Je suis déjà allé voir la mère et j’imaginais le pire en arrivant ici.
- Ah oui ? Elle a dû te dire pis que pendre du père.
- Oui mais ça, j’ai l’habitude. Tu n’imagines pas le nombre d’enfants que l’on ne voudrait confier à aucun des parents. Généralement, le second est à l’image du premier si pas pire.
- Qui se ressemble s’assemble.
- Souvent. On est heureux quand on peut trouver une personne ressource dans l’entourage. Mais ce n’est pas toujours le cas. Tu pourrais faire abstraction de ta relation avec le père pour me donner ton avis sur la situation ?
- Si tu veux mon avis le plus impartial possible, je pense qu’ils ne sont capables ni l’un ni l’autre de s’occuper de leur enfant. Le problème, à mon avis, c’est qu’ils ne sont pas capables de se prendre en charge eux-mêmes. Je ne sais pas comment Sabine évolue avec son nouvel ami, ni comment elle s’occupe de sa fille. Pour Mehdi, je crois qu’il y a de l’espoir. Je suis très impressionné des progrès qu’il fait depuis qu’il est ici.
- Vraiment ?
- Oui. Il a du caractère. Il sait ce qu’il veut et est prêt à tout pour réussir l’éducation de sa fille. Je suis sûr qu’il peut y arriver s’il est bien secondé.
- Et avec toi, il est en de bonnes mains.
- J’espère.
- Mais s’il a un problème avec toi, ça risque de se répercuter sur l’éducation de sa fille.
- Peut-être.
- Et votre relation, elle en est à quel stade ?
- A quel stade ? Que veux-tu dire ?
- Je ne sais pas. S’agit-il d’une relation naissante, déjà stable, purement sexuelle ou plutôt affective ? Il y a une grande différence d’âge entre vous.
- Oui je pourrais facilement être son père… et c’est un peu ce que je suis pour lui, je crois…
- Oui, je vois
- Oui, c’est même sûr. Je suis pour lui le père qu’il n’a pas eu. C’est comme ça que notre relation tient. Ce n’est pas sur le sexe qu’elle pourrait tenir longtemps.
- Je serais tenté de faire le dossier en votre faveur mais rien ne garanti que Mehdi restera longtemps avec toi.
- Il cherche un appartement.
- C’est ce qui m’inquiète. Il faut évidemment que je le vois pour en juger, mais un homme seul avec un parcours comme le sien, je l’imagine mal s’occuper d’un enfant. Il faudrait l’en dissuader.
- J’ai tenté de le faire mais sans succès. Il a peur qu’on ne lui donne pas la garde de l’enfant si on découvre qu’il vit avec moi.
- C’est uniquement pour ça qu’il veut un appartement ?
- Oui. Enfin, c’est ce qu’il dit.
- Vous avez des femmes dans votre entourage ?
- La voisine avec laquelle nous avons de très bon rapport, ma mère chez qui nous allons tous les week-ends, ma sœur et mes nièces que nous voyons fréquemment. En fait, dans ma famille, il n’y a que des femmes. En plus, si nous obtenons la garde, nous pensons faire appel aux services d’une gardienne agréée.
- La gardienne agréée, c’est une bonne chose. Evidemment, je ne suis pas le juge. C’est lui qui décide en dernier ressort, mais je crois que vous avez toutes vos chances d’avoir la garde. Mais il faudrait quand même que je puisse voir le père avant de rédiger mon rapport. Je n’ai plus le temps de l’attendre. J’ai vu le cadre de vie donc il pourrait passer me voir à mon bureau.
- Dommage que tu n’aies plus le temps sinon tu pourrais souper avec nous.
- Non, je dois rentrer pour mes enfants.
- Ah, d’accord. Ce n’est pas tout de s’occuper des enfants des autres. Il faut surtout prendre soin des siens.
- Heureusement, ils sont déjà grands. L’aînée a déjà 18 ans et le cadet en a 15. Ils se débrouillent pas mal seuls, mais il faut quand même encore être présent.
- Oui, je comprends. Je lui demande de te téléphoner quand il rentre ?
- C’est une bonne idée.
Mehdi rentre de son travail juste au moment où Nadine quitte la maison.
- Ah mais le voilà. Vous pouvez prendre rendez-vous immédiatement.
- Pas la peine, je vais lui parler maintenant. On en a pour 15 minutes tout au plus.
Les présentations faites, Mehdi et Nadine se retirent au salon pendant que je vais préparer le dîner. Vingt minutes plus tard, ils ressortent. Nadine vient me saluer et s’en va. Quand elle est partie, Mehdi vient m’embrasser et me dit :
- Je ne déménage plus. Je t’aime.
J’essaie tant bien que mal de la rassurer. Ses démarches pour obtenir ce logement devraient suffire pour convaincre le juge de sa bonne volonté.
En attendant, le travail ne manque pas pour Mehdi qui s’est inscrit à l’agence locale pour l’emploi. Il fait des travaux de jardinage chez des petits vieux de la région. Cela l’occupe assez bien et il ne rentre jamais avant 6 ou 7 heures du soir, parfois même plus tard.
C’est ainsi qu’il est absent le jour où je reçois la visite de l’assistante sociale envoyée par le juge, une personne dont j’avais fait la connaissance lorsque je militais en faveur de la loi concernant l’adoption des enfants par les couples de même sexe. A l’époque, nous avions de nombreuses réunions de travail et je la rencontrais assez souvent. J’appréciais son acharnement à défendre les intérêts de l’enfant mais aussi sa grande ouverture d’esprit. Elle était loin de tout préjugé et nos avis se rejoignaient souvent. Que ce soit elle qui soit chargée du dossier de Mehdi me rassure.
Elle est étonnée de me voir et me dit qu’elle ne vient pas pour moi mais que ça la réjouit. Je la fais entrer au salon en lui disant que j’ignore quand Mehdi va rentrer. Je lui propose un café qu’elle accepte.
- Ce n’est pas grave si Mehdi n’est pas là, me dit-elle en me suivant jusqu’à la cuisine. Au contraire, j’aime autant parler un peu avec toi de cette affaire avant de le rencontrer. Je suis déjà allé voir la mère et j’imaginais le pire en arrivant ici.
- Ah oui ? Elle a dû te dire pis que pendre du père.
- Oui mais ça, j’ai l’habitude. Tu n’imagines pas le nombre d’enfants que l’on ne voudrait confier à aucun des parents. Généralement, le second est à l’image du premier si pas pire.
- Qui se ressemble s’assemble.
- Souvent. On est heureux quand on peut trouver une personne ressource dans l’entourage. Mais ce n’est pas toujours le cas. Tu pourrais faire abstraction de ta relation avec le père pour me donner ton avis sur la situation ?
- Si tu veux mon avis le plus impartial possible, je pense qu’ils ne sont capables ni l’un ni l’autre de s’occuper de leur enfant. Le problème, à mon avis, c’est qu’ils ne sont pas capables de se prendre en charge eux-mêmes. Je ne sais pas comment Sabine évolue avec son nouvel ami, ni comment elle s’occupe de sa fille. Pour Mehdi, je crois qu’il y a de l’espoir. Je suis très impressionné des progrès qu’il fait depuis qu’il est ici.
- Vraiment ?
- Oui. Il a du caractère. Il sait ce qu’il veut et est prêt à tout pour réussir l’éducation de sa fille. Je suis sûr qu’il peut y arriver s’il est bien secondé.
- Et avec toi, il est en de bonnes mains.
- J’espère.
- Mais s’il a un problème avec toi, ça risque de se répercuter sur l’éducation de sa fille.
- Peut-être.
- Et votre relation, elle en est à quel stade ?
- A quel stade ? Que veux-tu dire ?
- Je ne sais pas. S’agit-il d’une relation naissante, déjà stable, purement sexuelle ou plutôt affective ? Il y a une grande différence d’âge entre vous.
- Oui je pourrais facilement être son père… et c’est un peu ce que je suis pour lui, je crois…
- Oui, je vois
- Oui, c’est même sûr. Je suis pour lui le père qu’il n’a pas eu. C’est comme ça que notre relation tient. Ce n’est pas sur le sexe qu’elle pourrait tenir longtemps.
- Je serais tenté de faire le dossier en votre faveur mais rien ne garanti que Mehdi restera longtemps avec toi.
- Il cherche un appartement.
- C’est ce qui m’inquiète. Il faut évidemment que je le vois pour en juger, mais un homme seul avec un parcours comme le sien, je l’imagine mal s’occuper d’un enfant. Il faudrait l’en dissuader.
- J’ai tenté de le faire mais sans succès. Il a peur qu’on ne lui donne pas la garde de l’enfant si on découvre qu’il vit avec moi.
- C’est uniquement pour ça qu’il veut un appartement ?
- Oui. Enfin, c’est ce qu’il dit.
- Vous avez des femmes dans votre entourage ?
- La voisine avec laquelle nous avons de très bon rapport, ma mère chez qui nous allons tous les week-ends, ma sœur et mes nièces que nous voyons fréquemment. En fait, dans ma famille, il n’y a que des femmes. En plus, si nous obtenons la garde, nous pensons faire appel aux services d’une gardienne agréée.
- La gardienne agréée, c’est une bonne chose. Evidemment, je ne suis pas le juge. C’est lui qui décide en dernier ressort, mais je crois que vous avez toutes vos chances d’avoir la garde. Mais il faudrait quand même que je puisse voir le père avant de rédiger mon rapport. Je n’ai plus le temps de l’attendre. J’ai vu le cadre de vie donc il pourrait passer me voir à mon bureau.
- Dommage que tu n’aies plus le temps sinon tu pourrais souper avec nous.
- Non, je dois rentrer pour mes enfants.
- Ah, d’accord. Ce n’est pas tout de s’occuper des enfants des autres. Il faut surtout prendre soin des siens.
- Heureusement, ils sont déjà grands. L’aînée a déjà 18 ans et le cadet en a 15. Ils se débrouillent pas mal seuls, mais il faut quand même encore être présent.
- Oui, je comprends. Je lui demande de te téléphoner quand il rentre ?
- C’est une bonne idée.
Mehdi rentre de son travail juste au moment où Nadine quitte la maison.
- Ah mais le voilà. Vous pouvez prendre rendez-vous immédiatement.
- Pas la peine, je vais lui parler maintenant. On en a pour 15 minutes tout au plus.
Les présentations faites, Mehdi et Nadine se retirent au salon pendant que je vais préparer le dîner. Vingt minutes plus tard, ils ressortent. Nadine vient me saluer et s’en va. Quand elle est partie, Mehdi vient m’embrasser et me dit :
- Je ne déménage plus. Je t’aime.
Oui, je sais, les photos ne correspondent pas au texte envoyé par Jean.
Mais ça, c'est ce qui se passe après la visite de l'assistante sociale.
Ca s'est tellement bien passé qu'il faut fêter ça.
J'espère qu'on aura les détails croustillants la semaine prochaine.
Par Gaytan d'Ussex
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Publié dans : Histoires chaudes
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